Il existe des espaces à inventer.
On n'invente jamais rien, on écoute, mais on peut écouter de manière nouvelle.
Didier Lasserre et Thierry Waziniak nous invitent à un moment tout à fait unique, celui d'un temps généreux, qui n'a pas oublié qu'il est fait du silence mais aussi de la multitude des petites anguilles du mouvement, des vies, des lenteurs, et que ces lenteurs sont elles mêmes sensibles, familières et surtout incroyablement vivantes.
On peut imaginer un cours d'eau, calme, et les courants qui le traversent, la traversée des molécules, des organismes, des poissons,
des pas de l’eau, son renouvellement permanent sans que rien ne change, pour mieux comprendre.
Le mouvement crée la lenteur et le silence.
Le mouvement et la vivacité créent le silence de ce disque.
Alors évidemment on est pris au jeu, on voudrait danser dans la
multitude des possibles.
Il s'avère que c'est délicieusement possible.
There are spaces to be invented. You don't invent, ever, you listen, and hear, sometimes, in a way that is new.
Didier Lasserre and Thierry Waziniak invite us into a moment that is perfectly unique, in which time is generous and hasn't forgotten that not only does silence make up its substance but also a bevy of motion's little eels, its lives and and slownesses, and that these slownesses are themselves sensitive, familial and incredibly alive.
To better understand, you imagine a tranquil body of water and the currents which move across it, the crossing of molecules, organisms, fish, footprints in the water, the perpetual renewal of no-change.
Motion engenders slow silence.
Lively motion engenders the silence of this disc.
And so, of course, you are engaged, you would wish to dance among the bevy of possibilities.
That this is possible is the delicious truth
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C’est, entre deux carrés aimantés, un duo de batteries enregistré le 5 juin 2015 à La Maison en bois d’Abbéville-la-Rivière, le long duquel Didier Lasserre et Thierry Waziniak (qui, avec Jacques Di Donato et Gaël Mevel, forme le Trio Rives) improvisent en toutes discrétions. Le pluriel est de mise car les deux musiciens s’y entendent pour faire œuvre de « brindille », nom donné aux trois plages du disque, structures fragiles que ménageront des gestes qui tombent aussi lentement qu’ils se seront levés.
Sur la fin de la première, après un passage de rumeurs et de sifflements, une grosse caisse exige-t-elle que s’achève cet air de soupçons et de soupirs ? C'est que la deuxième brindille est plus nerveuse, mais aussi plus courte que les autres : trois minutes seulement, après lesquelles la retenue fait son grand retour. Et s’il est plus difficile de s’entendre sur une retenue, sur un soupçon ou sur un soupir que dans le fracas – est-ce ici la batterie de Waziniak qui réclame la parole quand celle de Lasserre s’efface autant qu’il est possible ? Est-ce l’inverse ? –, la retenue en question, le soupçon accordé ou le soupir pratique délivrent les éléments d’une expression tangible qu’il est, à Lasserre comme à Waziniak, finalement impossible de taire.
Le son du Grisli |